Par Léa Ordener / Le 12 mars 2022
La RSE signifie la Responsabilité Sociale et Environnementale. C’est en fait l’intégration et l’application des principes de développement durable au monde de l’entreprise, par rapport aux domaines du social, de l’économie et de l’environnement.
“Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.” extrait du rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement “Notre avenir à tous”, 1987, également appelé rapport Brundtland.
Le développement durable est apparu au début des années 1970 au sein du club de Rome et de la conférence des Nations Unies sur l’Environnement Humain, à Stockholm, décrivant les fondements de « l’éco-développement ». Ce précepte va se diffuser rapidement et va amener une prise de conscience collective sur le fait que la mondialisation contribue à l’épuisement des ressources naturelles, à l’amplification de la pollution, du réchauffement climatique ou encore des inégalités sociales. D’ailleurs, certains accidents industriels connus (chimique à Seveso, nucléaire à Three Mile Island, Tchernobyl ou encore Fukushima, marées noires à Portsall ou en Alaska, scandale social de Rana Plaza ou économique avec Worldcom) mettront l’accent sur l’importance du développement durable et de la responsabilité environnementale et sociale des entreprises et sensibiliseront l’opinion publique. Le développement durable naît à la suite de ces conséquences dramatiques, qu’elles soient environnementales et sociales.
Le développement durable repose sur 3 piliers :
Le développement durable insiste sur le fait qu’un modèle de développement ne doit pas reposer uniquement sur l’économie, mais doit prendre également en compte les aspects sociaux et environnementaux. Il propose ainsi de revoir les priorités de la mondialisation. C’est un enjeu politique qui concerne l’échelle nationale comme internationale.
La RSE est une discipline récente qui s’est développée à travers des questions, des expériences ou des dialogues entre les entreprises et les différents acteurs (aussi appelés les « parties prenantes »), et a entraîné l’élaboration de nombreuses normes et référentiels, telle que la célèbre norme ISO 26000.
C’est un outil d’innovation, de dialogue, d’analyse d’expériences et d’impacts qui accompagne les entreprises dans la remise en question de leurs stratégies, de leurs méthodes de développement et qui leur permet d’avoir un impact positif et durable dans leurs activités respectives et sur leurs parties prenantes. Cet impact ne se mesure plus seulement en termes de résultats financiers, mais également au niveau de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises.
La RSE est décrite par la norme ISO 26000. Cette dernière précise trois faits : l’entreprise et la société sont interdépendantes, l’entreprise reconnaît et est responsable de tout impact social et environnemental, qu’elle commet de part ses activités, ses produits et services, et la RSE permet une nouvelle perception des stratégies et processus de l’entreprise pour pouvoir créer une valeur partagée au sein et tout autour de cette dernière.
Voici quelques exemples de domaines d’action de la RSE décrits par le MEDEF :
Au niveau de la performance environnementale : protection de la biodiversité, réduction des émissions de gaz à effet de serre, économie des ressources et de l’énergie, tri et valorisation des déchets, analyse du cycle de vie, question du climat (COP21 de 2015), énergies renouvelables, agriculture circulaire…
Au niveau de la performance sociale et sociétale : bien-être et sécurité au travail (burn-out, stress, travail à distance), égalité et diversité (question du handicap, égalité professionnelle hommes-femmes, intégration des jeunes en entreprise), formation, question de la production locale et nationale (Made In France par exemple), transformation digitale…
Au niveau de la performance économique et gouvernance : économie sociale et solidaire (entreprises organisées sous la forme de coopératives, mutuelles et se basant sur un système de fonctionnement solidaire et d’utilité sociale), économie collaborative (plateformes d’échanges de biens, de services ou de connaissances entre des particuliers sans chercher à en tirer profit), achats responsables, marketing responsable, reporting, éthique des affaires, engagement des parties prenantes, management responsable, supply chain (ou comment gérer ses flux d’approvisionnement en y intégrant le recyclage et l’économie circulaire), communication responsable (comment parler de ce que fait l’entreprise en matière de RSE à ses parties prenantes, dans les réseaux sociaux par exemple), obtention de labels RSE…
La norme ISO 26000 couvre sept questions capitales de la RSE portant sur :
La gouvernance de l’organisme : comment une organisation pense et met en place ses valeurs, sa stratégie et ses objectifs et comment elle y intègre des principes de la RSE comme la transparence, les parties prenantes, l’obligation de rendre compte, etc.
Les droits de l’homme : le respect de ces droits (droits civils, politiques et économiques), l’identification et la prévention des risques, la gestion des conflits, etc.
Les pratiques du travail : concerne par exemple le recrutement, la promotion des travailleurs, les conditions de travail, la santé et la sécurité au travail, etc.
La responsabilité environnementale : entreprendre des démarches pour lutter contre des problèmes environnementaux (pollution, dérèglement climatique, destruction des habitats naturels, diminution de la biodiversité,…).
Les bonnes pratiques dans les affaires : décrit la manière dont une entreprise entretient et utilise sa relation avec d’autres organismes (lutte contre la corruption, concurrence déloyale, respect des droits de propriété intellectuelle,…).
Les questions relatives aux consommateurs : elles concernent le respect de la vie privée, la sécurité et la santé, l’accès aux services et aux produits essentiels, etc.
L’engagement sociétal : l’implication et le développement de la communauté, la prise en compte des contextes locaux, l’aide au développement du territoire, la création d’emplois, l’accès à la technologie, etc.
C’est le cœur, la base même de la RSE d’une entreprise. Cette valeur, à la fois économique, sociale et environnementale est intégrée dans la stratégie, les ressources et les compétences d’une entreprise et partagée au sein de cette dernière et pour ses parties prenantes. La RSE devient ainsi une stratégie de création de valeur qui peut vite être considérée comme un facteur de compétitivité.
Toutes les entreprises ne sont pas au même stade en matière de RSE. Il existe en effet différents degrés de maturité, qui dépendent de l’intégration de la RSE dans la stratégie des entreprises mais également par rapport à son écosystème (parties prenantes, chaîne de valeur) et de leur manière de communiquer en toute transparence là-dessus.
Les parties prenantes sont définies comme “Tout groupe ou individu qui peut affecter ou être affecté par les activités de l’entreprise.” d’après R.Freeman, Strategic Management : A Stakeholder Approach.
Ces parties prenantes, qui peuvent être aussi bien des investisseurs, des salariés, des clients, des fournisseurs, sous-traitants ou encore des associations, ONG, médias, syndicats ou communautés locales ont un rôle très important à jouer par rapport aux entreprises. En effet, elles peuvent influencer en bien ou en mal la réputation, l’acceptabilité ou la visibilité d’un organisme. Engager ses parties prenantes dans sa stratégie RSE est ainsi primordial si une entreprise veut pouvoir évoluer et anticiper, dans un monde où les changements culturels, juridiques, économiques, sociaux et environnementaux sont très rapides. Il faut donc écouter et faire confiance à ces parties prenantes, en les identifiant clairement à l’aide de cartographies puis en les classant par ordre d’importance et en identifiant leurs besoins afin de répondre au mieux à leurs attentes et leur degré d’engagement.
Avec l’avènement de la RSE au sein des entreprises, de nouveaux postes ont vu le jour tels que le poste de directeur développement durable, intégré au sein d’une direction développement durable, le chief sustainability officer (CSO), intégrant le développement durable et la RSE au sein de la stratégie d’un groupe ou encore le comité de pilotage RSE, mettant en place la stratégie et assurant le reporting des progrès réalisés.
Elles permettent de fournir des connaissances et des outils concrets dans un langage international par rapport aux trois concepts du développement durable (environnement, économie et social) et à l’ensemble des acteurs de la société. Il n’est pas obligatoire d’appliquer ces normes, mais cela atteste d’un certain niveau de qualité si l’on décide de le faire.
Nous citerons ici certaines normes et outils RSE parmi l’intégralité de ceux existants.
NB : il existe plus de 21700 normes dans la collection ISO !
Les entreprises des secteurs du bâtiment et des travaux publics sont des acteurs fondamentaux de la mondialisation. Malgré cela, le secteur de la construction est également le plus important consommateur d’énergie dans le monde et produit beaucoup de déchets.
→ Dans le monde :
La production des matériaux utilisés pour la construction ou le transport de ces derniers sont très polluants :
Source : 2018 Global Status Report de l’International Energy Agency
→ En France :
Source : Ministère de la Transition écologique et solidaire.
Le Grenelle de l’environnement avait par ailleurs fixé des objectifs en 2007 pour le secteur afin de limiter l’impact environnemental. Ces objectifs sont axés autour de l’énergie dans la construction (construction de logements neufs, rénovation énergétique des anciens bâtiments, construction de bâtiments à très haute performance énergétique, mise en place de programmes en faveur des énergies renouvelables, etc.), de l’aménagement d’écoquartiers, de la dynamisation de la filière bois (utilisation du bois certifié, traçabilité du bois) et la réorganisation de l’ingénierie (intégration des coûts carbone dans les décisions, reconnaissance des partenaires environnementaux, etc.).
Le secteur a encore beaucoup de progrès à faire, mais doit être également vigilant au niveau social et économique : il y a en effet beaucoup de risques liés aux conditions de travail et de sécurité. Par ailleurs, les entreprises du BTP ont un rôle important dans le dialogue avec les parties prenantes et ainsi dans le développement des territoires et de l’économie locale.
De ce fait, les entreprises du BTP ne peuvent plus rester indifférentes face aux problèmes environnementaux, économiques et sociaux. D’autant plus avec les réglementations qui gagnent en exigence, avec toujours plus d’attentes de la part des décideurs et des aspirations de la société. La mise en place d’une démarche RSE est ainsi un premier pas vers une intégration du développement durable.
Si la RSE est une démarche volontaire, elle est pour certains secteurs comme le BTP, une démarche indispensable. En anticipant les impacts causés par leur activité et en adoptant une pratique responsable, la RSE peut aider les acteurs de la construction à intégrer le développement durable à leur stratégie en s’adaptant aux caractéristiques socio-économiques, géographiques, aux parties prenantes et aux objectifs de l’entreprise. De plus, il y a un gain économique important qui permet aux industriels d’augmenter leurs marges et le client final de réduire ses consommations d’énergie.
Il faut tout d’abord déterminer des types d’action sur lesquels on peut se baser : comme vu précédemment le bâtiment répond aux trois piliers du développement durable et peut par conséquent développer ces trois aspects. Des exemples de sujets d’actions :
Il existe de nombreux axes qui peuvent être ciblés en pensant à la fois aux actions internes et externes.
Cette mise en place se fait en 5 étapes :
Il est conseillé d’avoir une vision 360° : prendre en compte l’ensemble des actions internes et externes à l’entreprise, engager ses employés dans sa stratégie pour qu’ils valorisent les actions et pour renforcer leur bien-être, adopter une communication multicanale (réseaux sociaux, site internet, blog, relation presse, événementiel,…) pour promouvoir l’image de marque et diffuser les valeurs afin d’engager les différentes parties prenantes, etc.
Ils sont de plus en plus nombreux et concernent exclusivement le secteur du BTP, afin de faire prendre conscience aux entreprises de leurs impacts sur l’environnement notamment, de leur permettre d’anticiper la réglementation et afin de les impliquer et de les accompagner dans une démarche de développement durable. De plus, une labellisation ou le respect de normes permet d’accéder plus facilement à des financements, les entreprises étant valorisées aux yeux des financeurs.
Les SCOP (Sociétés Coopératives et Participatives) sont des entreprises où les salariés partagent équitablement la direction, les risques, l’information et les profits. Les décisions stratégiques sont votées en assemblée générale, avec un principe qu’une personne détient une voix, et les bénéfices sont répartis entre une part entreprise qui sera conservée, une part travail qui revient aux salariés et une part capital qui sont des bénéfices versés aux salariés. Les SCOP BTP sont donc représentatives du secteur du BTP.
La FNTP travaille depuis des années sur la RSE. Elle a fondé des clubs RSE dans certaines régions et mis au point des stages, des interventions et des diagnostics avec l’Afnor. Mais il manquait un référentiel sur ce sujet pour mettre en avant les démarches effectuées par les entreprises. Le référentiel correspond à la norme ISO 26000 mais avec une orientation TP.
L’implication d’un organisme dans une démarche RSE permet :
Aujourd’hui, que ce soit dans la filière du BTP ou dans un autre secteur, il est ainsi difficile d’ignorer la démarche RSE bien ancrée dans la société.
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Pour en savoir plus sur les logiciels de gestion du béton, consultez l’article Gestion du béton : les atouts des solutions numériques “Article sur les problématiques actuelles de la gestion du béton et l’avantage d’utiliser des solutions numériques”).